Le premier dimanche de l’Avent est toujours marqué par le concert que nous donnons avec ma chorale. Cette année, nous avons chanté l’oratorio « Elias » du compositeur romantique allemand Felix Mendelssohn.
Mendelssohn a participé à la redécouverte au dix-neuvième siècle de la musique de Jean-Sébastien Bach, tombée dans l’oubli. Il a repris et dirigé la Passion selon Saint-Matthieu en 1829, presque un siècle après la création de l’œuvre, alors qu'elle n'était plus jouée.
Cette forme de musique religieuse n’était plus à la mode mais a fortement inspiré Mendelssohn pour composer « Elias ». Il s’agit d’un véritable opéra religieux de presque deux heures et demie sur la vie du prophète Élie.
La pièce comporte des passages d’une rare intensité dramatique. Ainsi, la longue et saisissante confrontation entre Élie et le peuple d’Israël, qui s’est détourné de Dieu, donne à entendre un crescendo continu : le défi lancé par Élie aux adorateurs de Baal (« Celui des deux, entre mon dieu et le vôtre, qui allumera un feu pour consumer nos offrandes, est le vrai Dieu »), la façon dont il se moque d’eux (« Criez plus fort, votre dieu est peut-être en train de dormir ? »), les appels vains du peuple de plus en plus désespéré et sa stupéfaction quand la prière d’Élie est entendue, enfin l’appel au meurtre des prophètes de Baal, qui rappelle la violence de l'Ancien Testament.
D’autres séquences de la vie du prophète sont racontées : l’épisode de sécheresse qu’il provoque pour punir le peuple d’Israël et qui s’achève sur le chant de louanges suite au retour de la pluie (« Loué sois-tu Seigneur », « Dank sei dir Gott »), le découragement d'Élie qu’il exprime dans un air d’un lyrisme magnifique (« Cela suffit », « Es ist genug »), la visite de Dieu à Élie dans une « douce brise » après une tempête et un tremblement de terre (« Le Seigneur passa », « Der Herr ging vorüber »), ou encore l'enlèvement du prophète par un char céleste (« Et le prophète Élie s’éleva », « Und der Prophet Elias brach hervor »).
Des chœurs de croyants s’intercalent dans l’action pour proclamer la grandeur de Dieu et inciter les hommes à garder espoir : « Car il a envoyé ses anges » (« Denn er hat seine Engeln befohlen »), « Voyez le gardien d’Israël » (« Siehe der Hüter Israels »), « Entends, Israël / Ne crains rien » (« Höre, Israel / Fürchte dich nicht »), « Béni soit celui qui craint le Seigneur » (« Wohl dem der den Herrn fürchtet »), et le chœur final majestueux avec sa fugue « Alors ta lumière brillera » (« Alsdann wird euer Licht hervorbrechen »).
Ce concert annonce pour moi Noël. C’est la première année où je n’aborde pas les fêtes et le Nouvel An avec l’impression que ce que je vais vivre est incomplet et transitoire. J’en parlerai prochainement. En attendant, je vous souhaite de bons préparatifs, sans trop de stress j’espère :)